Professeur Michel Abs

Secrétaire Général du Conseil des Églises du Moyen-Orient (CEMO-MECC)

Lorsque nous parlons de crédibilité, nous évoquons un ensemble de valeurs, d’idéaux, de normes et de modes de comportement qu’une personne ou une institution doit adopter pour être considérée comme crédible.

Les personnes ou les institutions jouissant d’une grande crédibilité ont accumulé un grand nombre d’actions honnêtes et transparentes, sans ambiguïté aucune. Le public en a été témoin, en a été marqué, et les a gardées en mémoire, si bien qu’elles leur ont forgé cette image respectée et digne de confiance au sein de la conscience collective.

Le concept de crédibilité est cumulatif et s’accompagne d’autres notions comme la transparence, la sincérité, la franchise, et la cohérence avec des valeurs comportementales vertueuses. Il englobe donc des qualités louables que nos parents et nos professeurs nous ont souvent répétées, que les écrivains et les poètes ont chantées, et sur lesquelles les lois se sont appuyées. Ainsi, elles ont fini par ressembler à des récits quasi légendaires rapportés par les proverbes et les histoires que nos aînés nous ont transmises, s’inscrivant au plus profond de notre conscience et la façonnant à leur image.

Lorsque j’écris au sujet de la crédibilité, me reviennent en tête des images du passé, entendues de la bouche de nos grands-parents : à cette époque, les gens étaient liés par leur parole d’honneur, réglaient leurs dettes à leur échéance, voire avant, et considéraient le mensonge comme un péché, si bien qu’ils ne disaient que la vérité. Tout ce qui s’en écartait était relégué dans la catégorie des comportements méprisables, tant pour la famille que pour la société.

Croiriez-vous qu’un commerçant, après avoir déclaré faillite et partagé ses biens entre ses créanciers, ait œuvré à rembourser la totalité de sa dette à 100 % ? En effet, ce qui subsistait de sa fortune ne couvrait qu’à moitié le montant dû, et il ne voulait pas quitter ce monde éphémère avec une réputation entachée.

Avez-vous entendu parler d’employés peu aisés financièrement, qui ne touchent jamais à l’argent de leur entreprise parce qu’ils ont été élevés ainsi?
Avez-vous entendu parler de l’employé qui a renvoyé de son bureau des commerçants venus lui proposer une commission en échange de l’achat de leurs produits pour son institution ?
Avez-vous entendu l’histoire de ce chauffeur qui s’est aperçu qu’un passager avait oublié sur la banquette un sac contenant une importante somme d’argent et qui l’a remis à la police ?

En contrepoint, il existe des personnes qui sèment la corruption, se livrent à la fraude, aux pots-de-vin et aux détournements, à des pratiques que ni la religion, ni les valeurs morales, ni la loi ne tolèrent. Pire encore, elles justifient leurs actes par toutes sortes de prétextes qui ne résolvent rien et ne tiennent pas la route.

Peut-on comparer l’ensemble des richesses de la terre au simple regard réprobateur d’un juge au tribunal, d’un enquêteur au bureau du procureur, ou même au regard d’une victime contemplant celui qui l’a dépouillée ?
Ces gens-là ne connaissent pas la honte, car ils ne connaissent pas l’honneur ! Au contraire, ils considèrent l’honneur comme un fardeau trop lourd dont ils préfèrent se décharger.

Avec l’essor des sciences de la gestion, de la comptabilité et de l’audit, la crédibilité n’est plus laissée à la seule réputation issue de l’expérience du public ; elle est devenue le fruit d’un processus méthodique et spécialisé, fondé sur des normes et des règles, grâce auxquelles on déclare qu’une personne ou une institution est crédible. Tout cela est renforcé par les technologies de l’information, qui centralisent les dossiers des individus et des organismes.

Cette crédibilité se répercute directement sur l’activité et la réussite des personnes ou des institutions : elle détermine l’ampleur des crédits ou des projets qui peuvent leur être accordés.

Pour une personne ou une institution, il n’existe pas de trésor plus grand qu’une réputation de crédibilité, ouvrant la voie à l’esprit, au cœur et à la conscience de la société.

Face à cela, je m’étonne que certains ne se constituent pas une bonne réputation et une crédibilité élevée. Ces derniers illustrent bien l’adage qui dit « Quand la pudeur s’efface, le mal s’étend. »

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