Quand un patriarche appelle à la fin de «tous les égoïsmes individuels et collectifs»

La Semaine de prière pour l’unité des chrétiens a été inaugurée hier par un discours très franc du patriarche des arméniens-catholiques. Au centre des réflexions, la difficile situation des chrétiens d’Orient.

Les patriarches et chefs d’Église réunis en la cathédrale des Saints-Élie-et-Grégoire, place Debbas, dans le centre-ville. Photo DR

Par Fady Noun

L’œcuménisme est le rachat d’une rupture. Il n’existe que pour répondre à la prière sacerdotale du Christ : « Qu’ils soient un », et s’effacer. Le sujet particulièrement délicat de l’unité de l’Église se prête souvent aux discours polis de la bienséance. Ce n’est pas celui qu’a choisi le patriarche des arméniens-catholiques, Raphaël Bedros XXI Minassian pour en parler, hier soir (dimanche 16 Janvier 2022), lors de l’ouverture de la Semaine de prière en la cathédrale des Saints-Élie-et-Grégoire, place Debbas, à Beyrouth. S’adressant en termes mesurés mais fermes aux patriarches et chefs d’Église réunis, en présence du nonce apostolique et du patriarche maronite, Mgr Minassian n’a pas hésité à mettre le doigt sur la plaie, affirmant que les divisions sont le propre de l’homme, et que la voie royale pour en finir est celle de la fin de tous « les égoïsmes individuels et collectifs »

La Semaine de prière pour l’unité des chrétiens se tient annuellement du 18 au 24 janvier. Dans toutes les églises du Liban et du monde, ces huit jours sont rythmés par des méditations quotidiennes que les fidèles assistant à la messe peuvent suivre dans un livret mis à leur disposition par le Conseil des Églises du Moyen-Orient (CEMO).

Cette année, les méditations ont été confiées par le conseil pontifical pour la Promotion de l’unité des chrétiens au CEMO, dont le siège est à Beyrouth. Leur thème est extrait des paroles tenues par les Rois mages à leur arrivée à Jérusalem, et rapportées par l’Évangile selon saint Matthieu : « Nous avons vu son astre à l’Orient et nous sommes venus lui rendre hommage. » Au centre de ces réflexions, la situation très difficile des chrétiens aujourd’hui en Orient et l’urgence d’œuvrer à l’unité. C’est le chef de l’Église arménienne catholique, hôte de la cérémonie, qui en a prononcé l’exhortation centrale.

Des « actes qui ne correspondent pas aux bonnes intentions »

Loin des formules édulcorées des méditations traditionnelles, le patriarche Minassian a rappelé à ses pairs que « les Églises continuent de souffrir de divisions qui les ont déchirées par le passé » en raison des « égoïsmes individuels et collectifs » dont font preuve les hommes d’Église et les hiérarchies religieuses. Il a affirmé que « leurs actes ne correspondent pas à leurs bonnes intentions », à croire qu’ils « ne mesurent pas le véritable sens » du sacrifice de la Croix.

Dénonçant l’un des « travers » de l’œcuménisme, qui consiste à « travailler dur pour l’unité, mais dans le but de gagner les autres à ses principes », le chef de l’Église arménienne catholique n’a pas hésité à comparer les Églises aux soldats romains qui, au pied de la Croix, se sont partagés les vêtements de Jésus…

Cet article a été publié sur le site web de L’orient le Jour. Appuyez ici pour lire l’article entier.

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